1550 € par appareil, soit 3100 € pour les deux oreilles : c’est le coût moyen déboursé par les malentendants pour leurs audioprothèses, en comptant un remboursement très faible de la part de l’Assurance Maladie. L’association UFC Que Choisir estime que 2,1 millions de malentendants ne s’équiperaient pas en raison de ce coût trop élevé, soit un taux de renoncement aux soins de … 58 %. Cette situation perdure malgré un marché en forte croissante depuis 2000. Pour l’association, la faute est – entre autres – dû à la confusion entre prix de vente et coût des prestations des audioprothésistes.
Prothèses auditives : un marché en pleine expansion
D’après l’association, 598 000 audioprothèses se sont vendues en France en 2015, soit 2,2 fois plus qu’en 2000, avec une progression de 5,9 % par an. Cette forte croissance ne s’explique pas seulement par le vieillissement de la population, même si les déficiences auditives augmentent avec l’âge. Elles concernent :
- 1 personne sur 5 entre 50 et 59 ans,
- 1 personne sur 3 à partir de 60 ans,
- 1 personne sur 2 de plus de 80 ans.
Si la population des plus de 65 ans a augmenté de 23,1 % en France sur la même période, elle n’explique pas la très grande hausse du marché. Pour UFC Que Choisir, l’explication est au-delà des âges : les barrières psychologiques qui retiendraient les patients de s’équiper tomberaient petit à petit. En revanche, si les ventes progressent, elles restent insuffisante au regard des besoins de la population. L’association a calculé, en prenant en compte les durées de vie des appareils, qu’environ 1,5 millions de Français sont équipés alors que 5,93 millions de personnes souffriraient de déficiences auditives nécessitant une prothèse adaptée.
Un reste à charge de près de 2 200 €
Santéclair avait publié, en novembre 2014, une étude menée avec la revue 60 millions de consommateurs et le Collectif interassociatif sur la santé (Ciss) qui regroupe près de 40 associations de patients démontrant que le reste à charge moyen pour l’équipement de deux oreilles s’élevait alors à 1900 €, en prenant en compte le remboursement de l’Assurance maladie et celle d’une éventuelle mutuelle. L’UFC Que Choisir, pour sa part, estime que le reste à charge s’élève à 2 200 €. Dans les deux cas, cette facture salée expliquerait le renoncement des Français concernés à s’équiper.
Une pénurie de professionnels à l’origine du coût ?
En France, les audioprothésistes peuvent être salarié d’une structure, ou bien travailler en tant qu’indépendants. UFC Que Choisir a étudié les marges brutes des audioprothésistes indépendants pour établir leur analyse. En moyenne, l’association estime que le taux de marge s’élève à 78 %. A titre de comparaison, le niveau de marge brute dans le secteur de l’optique s’élève à 70 %. En revanche, il est important de souligner que chaque vente est accompagnée d’une prestation d’accompagnement (vente, contrôle, suivi tout au long de la durée de vie de l’appareil). En effet, c’est la main d’œuvre qui coûte cher dans la marge de ces professionnels : 534 € par appareil, en moyenne. Pourquoi ? Tout simplement car il existe une véritable pénurie d’audioprothésistes, freinant ainsi la concurrence et aboutissant à des salaires très élevés dans la profession. Et qui pèsent lourd dans la note finale, payée par le consommateur.
Afin de faire baisser le coût des audioprothèses, l’association demande :
- La dissociation du coût total du service, qui comprend aujourd’hui l’achat du matériel et les prestations de suivi même s’ils ne peuvent être honorés (fermeture de l’audioprothésiste, non-port de l’appareil…) ;
- La fin de la pénurie des audioprothésistes en ouvrant de nouvelles écoles.
Cette situation qualifié de « regrettable » par l’association de défense des consommateurs pourrait, si elle se débloquait, permettre à 2,1 millions de Français malentendants freinés par le coût de la facture finale de s’équiper.
Pour en savoir plus :
- Le communiqué de presse d’UFC Que choisir : http://www.quechoisir.org/sante-bien-etre/maladie-medecine/communique-marche-des-aides-auditives-la-scandaleuse-rente-des-audioprothesistes